1er
avril 2016
Caceres
Ville
d'Estrémadure, Caceres est classée au Patrimoine mondial de
l'humanité par l'Unesco puisqu'elle représente un des urbanismes du
Moyen Âge et de la Renaissance les plus complets au monde. Le
quartier médiéval regroupe, à l'intérieur de ses murailles arabes
défendues par des tours, un ensemble de maisons seigneuriales
(palacios) gothiques et renaissance, unique en Espagne et qualifié
de troisième Ensemble monumental d'Europe.
Caceres, classée au Patrimoine mondial del'humanité par l'Unesco |
«Les
maisons nobles élevées au 15e et 16e siècle présentent des
façades lisses et ocres, sans décoration surabondante, à l'image de
leurs propriétaires, des chevaliers rudes et fiers qui gagnaient à
lutter contre l'infidèle – Maure ou indien d'Amérique – plus de
prestige que de richesse. Seuls un orgueilleux blason, une fine
nervure encadrant une fenêtre, une corniche sculptée viennent
égayer ces demeures dont les tours fortifiées, qui affirmaient la
puissance de leurs habitants, ont été tronquées en 1477 sur
l'ordre d'Isabelle la Catholique.»
Cathédrale Santa Maria, 16e siècle |
Les
remparts qui entourent la vieille ville possèdent des fondations
romaines, des parties mauresques et des sections plus modernes qui
datent du 15e siècle. L'Arc de l'Étoile flanqué de deux tours est
la principale porte d'entrée de la ville ancienne. On accède ainsi
directement à la Plaza Santa Maria qui abrite la cathédrale du même
nom (16e siècle). Tout comme le reste de la ville, son architecture
est plutôt austère mais elle ne manque pas de noblesse. À
l'intérieur, on peut y admirer un imposant retable sculpté en cèdre
et dédié à l'Ascension de Marie.
C'est
sous un soleil radieux que nous avons visité Caceres. Nos
impressions sur cette ville sont partagées. Le photographe et
vidéaste Réal a été quelque peu frustré à cause de l'étroitesse
des rues et des places qui l'empêchait d'avoir un recul suffisant
pour faire de belles prises de vue. Il a de plus trouvé un peu trop
sobre ces palais monochromes aux murs lisses et peu décorés. Pas
beaucoup de «WOW» au cours de cette visite!
Palais épiscopal |
Paradoxalement,
c'est ce qui a plu à Lucie... Avoir l'impression de circuler dans
une ville du Moyen Âge, à l'époque romane, avant l'apparition de
toute l'ornementation gothique. Ici, il ne s'agit pas de quelques
bâtiments seulement qui ont conservé leur cachet moyen âgeux,
c'est tout le quartier. De plus, pour préserver l'authenticité de
l'ensemble, pas de boutiques de souvenirs, pas de Mc Donald, à peine
quelques restos très discrets.
À bien y penser, le style épuré
qui émane de la simplicité de l'architecture romane n'est pas très
loin de notre architecture moderne, comme quoi on n'invente rien, on
revisite tout simplement...
2
avril 2016
Toledo
Toledo entourée par le fleuve Tage |
Après
le calme et la simplicité de Caceres, Toledo fut un choc! Comme de
la pluie s'annonçait pour le lendemain, nous nous sommes empressés
d'aller faire un tour en ville dès notre arrivée au camping en
après-midi. Effectivement, nous avions perdu notre beau soleil de
Caceres et le temps virait au gris. Mais le choc ne fut pas thermal,
il fut plutôt relié à la foule qui se massait dans les rues, à
l'animation des places où jeunes et fanfares fêtaient on ne sait
trop quel événement. Même l'âge d'or s'est mis de la partie
devant la cathédrale avec un chanteur-guitariste auquel se sont spontanément joints d'autres guitaristes et des gens qui se sont
donnés la main pour une ronde improvisée. On se serait crû dans
une vidéo de YouTube!
Mais
rendons à Tolède, ce qui est à Tolède! Malgré la foule, la
circulation automobile et l'omniprésence des boutiques de souvenirs,
de couteaux et de massepain (pâte d'amande), la ville ne manque pas
de charme. Comme nous disposions de peu de temps, nous n'avons visité
ni musée, ni église, nous avons préféré marcher dans la ville.
Comme partout en Espagne, l'influence arabe (mudéjar) est encore
bien visible dans l'architecture. De même, le quartier juif
(judaria) témoigne de l'influence considérable qu'a eue cette
communauté avant d'être pratiquement complètement éliminée par
les Rois catholiques.
Vue de Tolède sous l'orage par "El Greco", vers 1596 |
Le
peintre El Greco
(1541-1614) n'est pas un
enfant du pays mais il est omniprésent à Tolède. Son nom
l'indique, il est d'origine grecque, mais après avoir transité par
Venise et Rome, il s'établit à Madrid puis à Tolède où il peint
de nombreuses toiles pour la Cour, l'Église et les nobles. Célébré
de son vivant, puis oublié, il n'est redécouvert qu'à la fin du
19e siècle.
Qualifié de «peintre fondateur de l'École espagnole»,
on dit qu'il a aussi inspiré grandement Picasso par la libération
des formes, de la lumière et des couleurs.
Ci-contre, un de ses
tableaux, la
Vue de Tolède
sous l'orage,
qui est considéré comme l'un des premiers paysages en tant que
sujet unique de peinture et non de décor.
L'Alcazar
(château-forteresse) de Tolède est imposant mais peu
impressionnant. Plusieurs fois incendié et rebâti, il affiche une
architecture plutôt carrée et austère. Trônant au sommet d'une
colline, il affiche toutefois une certaine majesté.
L'Alcazar au sommet de la colline de Toledo |
À
la blague, nous nous sommes dits : «Tolède, c'est beau mais
beau de loin!» En effet, la vieille ville est comme déposée sur
une colline et entourée par le fleuve Tage, des remparts et des
falaises. Vue de la rive opposée du Tage, c'est de toute beauté! Et
imaginez s'il y avait eu du soleil!
Madrid
et l'Escorial (Tarrajon de Ardoz)
3 au
6 avril 2016
À
notre première journée à Madrid, il pleut des cordes! Dans la
sierra au nord, c'est la tempête de neige! Aux Actualités du soir,
on passe et repasse en boucle les images de routes enneigées et
d'interminables bouchons en ville et en périphérie à cause des
pluies torrentielles et on prédit la même météo pour le
lendemain. On passe donc bien sagement la journée dans le camping
car bien décidés à attendre le beau temps, c'est notre dernière
chance de voir Madrid! À plusieurs reprises, nous sommes passés pas
trop loin de la capitale mais ce n'était jamais sur notre route ou
ce n'était pas la belle saison, on remettait toujours ça à une
autre fois... mais là, c'est maintenant ou peut-être jamais! Le
lendemain matin, oh surprise, le soleil est de retour alors on saute
dans le train, direction gare d'Atocha, en plein cœur de Madrid.
Palais royal et Cathédrale de l'Almudena |
Palais royal de Madrid |
Gran via, l'artère commerciale de Madrid |
Sous
un soleil radieux, Madrid nous a charmés. Nous avons arpenté en
long et en large cette ville très vivante et qui a beaucoup à
offrir : d'élégantes et grandes avenues bordées d'arbres et
de promenades, des fontaines monumentales, de nombreux musées, un
jardin botanique qui s'éveille au printemps, l'immense parc du
Retiro, le Palais royal, la cathédrale de l'Almudena, la Plaza
Mayor, la Plaza Colon et plusieurs autres, la Gran Via, l'artère
commerciale, nous en avons marché des kilomètres! Nous sommes
rentrés fourbus le soir au camping car mais bien heureux de nos
belles découvertes.
Un magnifique mur végétal en plein centre-ville de Madrid, de toute beauté ! |
Le célèbre Musée du Prado de Madrid |
Le
lendemain, on reprend le train pour aller à 45 km au nord-ouest de
Madrid au Site royal de Saint-Laurent-de-l'Escurial. C'est
une ancienne résidence du roi d'Espagne, un grand complexe qui
regroupe un monastère, un musée, un collège bibliothèque et un
palais. Il a été commandé par le roi Philippe II, à la fois en
commémoration de sa victoire de Saint-Quentin sur les troupes
d'Henri II, roi de France en 1557, pour l'expiation du massacre des
civils réfugiés commis alors par ses troupes dans l'église de
Saint-Laurent, et, enfin, pour élever un lieu de sépulture à ses
parents, l'empereur Charles Quint et Isabelle de Portugal ainsi qu'à
lui-même et à ses successeurs.
Saint-Laurent de l'Escurial |
Vue de l'extérieur, l'architecture des bâtiments est plutôt austère
et il semble que ce soit voulu par Philippe II, surnommé le «roi
prudent». Par contre, à l'intérieur, le décor est impressionnant.
D'immenses tapisseries ornent les murs du palais; la voûte de la
bibliothèque, qui fait 54 m de long et qui compte plus de 45 000
volumes, est décorée de fresques représentant les sept arts
libéraux : la rhétorique, la dialectique, la musique, la
grammaire, l'arithmétique, la géométrie et l'astrologie. Philippe
II était un prince lettré formé par les plus grands esprits de
l'Espagne de sont temps; il lisait parfaitement le latin et parlait l'italien et le français. On y retrouve donc sa passion pour les
beaux livres, les manuscrits anciens et son intérêt pour les
sciences.
Le Panthéon des rois de L'Escurial |
La nécropole ou le Panthéon des rois est également très
impressionnant. Sous le maître autel de la basilique, une grande
pièce toute en marbre abrite 26 tombes identiques où reposent les
restes de tous les rois et reines d'Espagne, sauf 4, depuis Charles
Quint. Dans des pièces adjacentes, se retrouvent les tombes de 36
princes, infantes et reines qui n'ont pas été mères de rois.
Malheureusement, il est interdit de prendre des photos à l'Escurial,
les photos que nous vous proposons donc ici sont tirées d'internet.
Logo du célèbre club de foot, le Real Madrid |
Pour
terminer notre visite de la capitale espagnole, on ne peut passer
sous silence le plus célèbre club sportif de la ville, le Real
Madrid, considéré
comme le plus grand club omnisports du monde du fait, notamment, que
ses sections football (soccer) et basket-ball sont toutes deux les
plus titrées en Championnat d'Europe des clubs. Fait cocasse, cette
notoriété a souvent aidé Réal à s'identifier en Europe mais
aussi ailleurs dans le monde car son prénom n'est pas usuel. Il
avait juste à préciser: «Réal comme Real
Madrid»
et là, immédiatement on comprenait et un large sourire apparaissait
sur le visage de son interlocuteur!
Nous aurions pu passer encore beaucoup de temps à Madrid mais nous
voulions aussi aller visiter Segovia un peu plus au nord et on
annonce que la fenêtre de beau temps va se refermer dans deux jours
et ce, pour plusieurs jours. On dit donc adieu à Madrid, on renonce
à visiter ses musées et on se dirige vers Segovia. Pour s'y rendre,
il faut traverser la Sierra Guadarrama qui culmine à 2 430
mètres; heureusement la route emprunte un tunnel qui traverse la montagne et nous évite d'emprunter des routes en lacets enneigées.
Segovia
7 avril 2016
Segovia nous a
conquis!
«La
vieille ville de Segovia constitue un des ensembles artistiques et
architecturaux les plus riches d'Espagne, dont la beauté est
soulignée par la majesté du site sur lequel s'établit la ville :
un promontoire rocheux faisant face à la Sierra de Guadarrama. De
l'époque romaine subsiste un aqueduc dont l'état de conservation
est remarquable. Il s'agit de la construction de ce type la mieux
préservée d'Espagne et l'un des plus beaux exemples de tout le
monde romain.»
L'aqueduc romain de Segovia |
Long de 1 200 mètres, l'aqueduc de Segovia a une hauteur variant de
28 à 35 mètres et compte 166 arcs. L'eau qu'il transportait, sur
une pente de 1%, prenait sa source dans une rivière à 17 km de la
ville pour l'acheminer dans la région de Acebeda, 15 km plus loin.
Les 20 400 blocs de granit qui le composent ne sont liés que par
leur propre poids, sans aucun mortier, grâce au parfait équilibre
des forces. Depuis plus de 2 000 ans, l'aqueduc de Segovia témoigne
du savoir-faire des bâtisseurs de l'empire romain.
Cathédrale Santa Maria |
Le Moyen Âge a également très fortement marqué la ville de son
empreinte. Les vestiges de cette époque sont légion. Les murailles
de la ville et l'Alcazar (palais-forteresse) rappellent son rôle de
place forte tandis que les innombrables églises romanes révèlent
une intense vie spirituelle dans la cité, dominée par la très
belle silhouette de la Cathédrale Santa Maria. De par ses dimensions
et son élégance, on qualifie la cathédrale de Segovia de «la Dame
des Cathédrales».
Chevaliers de l'Alcazar de Segovia |
Même si la façade de l'Alcazar est en cours de restauration, sa
visite en vaut vraiment le coup. À l'instar de nombreuses
fortifications en Espagne, l'Alcazar de Segovia est une forteresse
qui a été édifiée durant la domination arabe. La première
référence remonte vers 1120, soit 32 ans après la reconquête de
la ville par les Chrétiens. Toutefois, des preuves archéologiques
récentes suggèrent que le site servait déjà à l'époque romaine
en tant que fortification.
La vieille ville est par ailleurs entourée d'un nombre imposant de
monastères situés hors-les-murs. Enfin, beaucoup de palais et de
maisons seigneuriales d'une grande valeur architecturale furent
édifiés à la fin du Moyen Âge et au début du 16e siècle, époque
à laquelle Segovia était l'un des hauts lieux de l'industrie
lainière du Royaume de Castille.
Segovia, un coup de cœur assurément!