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Pyrénées françaises et espagnoles

1er au 10 avril 2015

Nous disposons d'une dizaine de jours pour découvrir les Pyrénées, une région qu'on connaît peu mais qu'on se promet bien d'explorer depuis longtemps. En ce début d'avril, il reste encore de la neige en montagne mais plusieurs randonnées sont accessibles et le soleil est de la partie alors on en profite pleinement. Nous choisissons de parcourir le Parc national des Pyrénées du côté français et, de l'autre côté de la frontière, son homologue espagnol, el Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido.

Mais il n'y a pas que des montagnes à voir dans les Pyrénées! Nous faisons donc au préalable deux arrêts « culturels et historiques », soit une cathédrale, St-Bertrand de Cominges et un lieu de pèlerinage fameux, Lourdes. Voici donc nos principales «escales» pyrénéennes.

St-Bertrand-de-Cominges

La cathédrale de St-Bertrand-de-Cominges, mille ans d'histoire

St-Bertrand-de-Cominges, une œuvre et une histoire unique! Bien avant que ne soit érigée la cathédrale au 11e siècle, le grand général romain Pompée y avait créé un oppidum (ville) en 72 av. J-C avec les effectifs disponibles de son armée, au retour d'une campagne victorieuse en Espagne. Lugdunum était née et elle prospéra au point d'atteindre 30 000 habitants. De nombreux vestiges témoignent encore de nos jours de cette splendeur passée. En l'an 409, les Vandales la dévastent et en l'an 585, Gontran, le roi de Bourgogne en achève la destruction. Le site va donc rester désert pendant 500 ans et c'est en 1073 qu'un chanoine de Toulouse nommé évêque régional, un dénommé Bertrand de l'Isle, décide de bâtir une cathédrale romane et un cloître sur les ruines de l'oppidum.

Stalles de bois richement sculptées de St-Bertrand-de-Cominges
Ses successeurs poursuivront son œuvre. Ainsi, au 14e siècle, le pape Clément V y ajoute une touche gothique et au 16e siècle, on y érige de magnifiques stalles de bois dans le choeur. Ces stalles forment un rectangle fermé permettant ainsi aux chanoines du chapitre de s'isoler du public pour les offices religieux. Il faut dire qu'à l'époque, le «peuple» n'était pas tenu d'assister à la messe. Il venait surtout en pèlerinage pour se recueillir devant le tombeau de St-Bertrand et obtenir ses faveurs. C'est pourquoi on dit qu'à St-Bertrand, on retrouve une véritable église de bois dans une église de pierre, une œuvre unique qui nous a conquis!

Lourdes

Lourdes et Bernadette Soubirous... Une autre page d'histoire de notre enfance et de notre éducation judéo-chrétienne... Nous avions déjà visité Fatima et nous avions été fortement impressionnés par le site et la ferveur de ses pèlerins. Nous étions curieux de voir ce qu'il en était à Lourdes... Nous ne sommes pas dans la grande saison des pèlerinage, le site est plutôt tranquille en ce vendredi saint. Il y aura des processions ce soir à la lumière des cierges mais en ce bel après-midi ensoleillé, seulement cinq minutes d'attente pour accéder à la grotte de Massabielle où Bernadette, 14 ans, a vu lui apparaître 18 fois la Vierge entre le 11 février et le 16 juillet 1858.

Les deux basiliques de Lourdes, Notre-Dame-du-Rosaire en haut et l'Immaculée-Conception en bas

Le site est dominé par deux sanctuaires, la basilique Notre-Dame-du-Rosaire, achevée en 1889, que surplombe la basilique de l'Immaculée-Conception qui date de 1871. Les mosaïques qui décorent les basiliques autant à l'intérieur qu'à l'extérieur sont magnifiques, elles nous rappellent Ravenne en Italie sans toutefois les égaler. De même les rampes d'accès à la basilique supérieure formant un hémicycle donnent un air de mini Place St-Pierre-de-Rome au site.

Lourdes attirant plus de 6 millions de visiteurs et pèlerins par année, une troisième basilique a été construite en 1958 pour souligner le centenaire des apparitions, la basilique Saint-Pie X. Cette dernière est souterraine et toute en béton, impressionne par sa modernité et sa grandeur, elle peut accueillir 25 000 personnes!

Quant à la ville de Lourdes, elle a été envahie par les nombreux hôtels, restaurants et boutiques de souvenirs à saveur religieuse. Pas surprenant d'apprendre que Lourdes est la deuxième ville hôtelière de France, juste derrière Paris et devant Nice! Cela donne une idée de l'ampleur du phénomène...! Somme toute, Lourdes ne nous a pas touchés comme ce fut le cas à Fatima, très commercial, trop commercial... mais c'est vrai que nous n'avons pas assisté à l'un des nombreux grands pèlerinages qui envahissent le site avec son flot de chaises roulantes et de malades... l'atmosphère aurait sûrement été différente, mais une belle visite quand même.

Le Pont d'Espagne sur le gave de Gaube
Pont d'Espagne

Enfin, les Pyrénées, les vraies, de près. Depuis quelques jours, on les voit au loin et on hâte d'y toucher!

Près de Cauterets dans les Hautes-Pyrénées, une belle balade en moto sur la route toute en lacets monte jusqu'au Pont d'Espagne. Le centre de ski est fermé mais les familles profitent du congé pascal pour marcher et faire de la raquette jusqu'au Pont d'Espagne, un site naturel qui regorge de cascades et de sentiers pédestres.

Le nom du site vient du fait qu'il s'agit d'une ancienne voie permettant de rejoindre l'Espagne par la montagne et le pont en pierre qui traverse le gave. Mais qu'est-ce qu'un gave? C'est le nom générique donné dans la région aux cours d'eau, grands ou petits.


Gavarnie

Gavarnie est un petit village de montagne situé à 1 400 m d'altitude tout près de la frontière espagnole. Son trésor, un cirque naturel de type glaciaire de 6 km de circonférence facilement accessible depuis le village, un site tout simplement grandiose! Classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO, le cirque de Gavarnie est entouré de nombreux sommets dont le Pic du Marboré, le plus élevé avec ses 3 248 m. Les parois du cirque, composées de trois étages successifs, atteignent 1 500 m de hauteur.

Le superbe cirque de Gavarnie

En cette belle journée de printemps, sous un ciel bleu sans nuage, il reste encore de la neige en montagne ce qui ajoute encore plus à la beauté et à la majesté du panorama qui s'offre à nous. Tout danger d'avalanche étant écarté, nous pouvons randonner jusqu'au pied du cirque pour jouir encore plus de ce site exceptionnel.

La cascade de Gavarnie, haute de 422 m coule modérément à cette époque-ci. L'eau qui glisse sur la paroi fait décoller des plaques de neige et nous pouvons observer quelques petites avalanches sans danger toutefois. Au retour, près du village, nous croisons les passagers de cinq autobus de touristes, des pèlerins plutôt, venus de Lourdes pour admirer Gavarnie. Un groupe d'handicapés britanniques, jeunes et moins jeunes, soutenus par une armée de bénévoles qui n'hésitent pas à pousser vigoureusement les chaises roulantes pour traverser quelques plaques de neige et s'approcher un peu plus près du cirque. On a même vu un gros autobus marqué « ambulance » duquel on sortait des lits sur lesquels des malades étaient étendus... impressionnant, ça fait réfléchir... Nous nous sommes sentis bien choyés et, encore une fois, nous avons répété «Merci la vie de nous garder en santé»!

Du côté espagnol, le Parc national d'Ordesa et Monte Perdido, un joyau des Pyrénées aragonaises, qui s'étend sur quatre vallées; nous en visiterons trois : Pineta, Anisclo et Ordesa

Vallée et cirque de Pineta

Pineta, c'est un canyon grandiose creusé dans d'énormes plis calcaires couchés. Ses versants s'élèvent à plus de 1 000 m au dessus de la vallée et sont découpés en strates horizontales couleur gris acier ou ocre rouge. Au printemps, de nombreuses cascades dévalent ses pentes vertigineuses.

Réal devant le cirque de la Pineta

Une superbe balade nous fait longer le cirque et admirer au passage plusieurs belles cascades pour finalement atteindre le refuge de Larri ou l'on jouit d'un superbe panorama à 360 degrés. Les fleurs sauvages printanières commencent à apparaître, notamment des violettes qui annoncent joyeusement le réveil de la nature.

Canyon d'Anisclo

Le canyon d'Anisclo est une autre merveille du parc. Il est dominé par le Monte Perdido, 3 355 m, le troisième plus haut sommet des Pyrénées et le plus haut sommet calcaire d'Europe.

Une route étroite et sinueuse d'une vingtaine de kilomètres longe le canyon et s'accroche le long d'une paroi verticale qui plonge dans des eaux vives vertes et turquoises du rio Bellos. Une route idéale pour la moto! Quelle bonne idée que d'avoir laissé le camping-car garé au village en bas...

Canyon d'Anisclo

La rando de la Ripareta jusqu'au canyon de la Pardina est plutôt sportive: un bon 5 heures de marche qui nous fait longer la rivière, traverser des chaos de roche, témoins de glissements de terrain et d'avalanches, grimper sur un sentier en corniche, redescendre puis remonter... bref, une bonne remise en forme après 4,5 mois de navigation aux Antilles...

Canyon d'Ordesa

Un peu plus à l'ouest, à Torla, nous atteignons le site du Canyon d'Ordesa, le plus réputé du parc. L'immense stationnement et le vaste centre d'interprétation donnent une idée de l'achalandage durant l'été. Heureusement pour nous, il est très peu fréquenté en cette saison malgré la belle température; il fait plus chaud et pratiquement plus de neige au sol du côté des Pyrénées espagnoles.

Les cascades de l'Estrecho dans le canyon d'Ordesa

Une randonnée plus facile aujourd'hui nous laisse plus de temps pour faire de la photo, admirer les parois vertigineuses du canyon, les cascades et les forêts de hêtres et de sapins. C'est la rivière Arazas qui déboule littéralement au fond du canyon et les cascades del Estrecho et de la Cueva sont sans contredit les plus belles que nous ayons vues dans le parc.

Ici aussi les fleurs du printemps se font dorer au soleil et en plus des violettes, on a vu éclore les premières primevères. Quelle belle saison que le printemps! On se dit que nous serons bien chanceux cette année, nous pourrons vivre deux printemps, l'un espagnol et l'autre québécois!

Ainsa et Guaso

Plaza Mayor, Ainsa

Ainsa, l'une des plus belles petites villes des Pyrénées, est perchée sur un promontoire ceint de murailles. Ainsa fut au 11e siècle la capitale d'un petit royaume. On dit même que ses habitants, chrétiens, surent résister à l'envahisseur musulman, les maures, qui dominèrent le pays pendant plus de 700 ans (8e au 15e siècle).

En ce beau samedi printanier ensoleillé, c'est une belle journée pour célébrer des noces. Les espagnols ont donc sorti leurs plus beaux habits et ils ont envahi la Plaza mayor d'Ainsa pour fêter les nouveaux mariés. La place est entourée d'arcades et est dominée par l'église Santa Maria, une belle église romane du 12e siècle.

L'esconjuradero de Guaso
À quelques kilomètres de là, sur un pic rocheux à Guaso, s'élève un esconjuradero, une petite construction en pierre que l'on retrouve dans les Pyrénées aragonaises et qui ressemble à un abri anodin. Il s'agit en fait d'un lieu essentiel, où les habitants des environs venaient prier pour que les pluies soient suffisantes, sans être dévastatrices. Placé à un endroit en surplomb, le plus souvent de plan carré et ouvert aux quatre vents, l'esconjuradero est en principe situé à proximité d'une église, comme c'est le cas de celui de Guaso qui jouxte l'église San Salvador.

Voilà, notre petit tour des Pyrénées est déjà terminé.  Une fois de plus, les paysages de montagne nous auront comblés !